Il paraît qu'il faut se présenter. Il est vrai qu'un blog est souvent très personnel, quand bien même il ne contient aucun élément d'autobiographie. Par ailleurs, certains ne s'autorisent à juger de la pertinence d'un propos qu'en fonction de ce qu'ils savent de son auteur. Cela est un peu problématique, car j'entends ne pas parler de moi, de quelque manière. Disons simplement, en rapport avec ce qui sera abordé ici et qui est paradoxal, voire incompréhensible, pour beaucoup, que je suis un amoureux de la Nature et que j'ai commis un livre intitulé Climat, mensonges et propagande, clairement « climato-sceptique », pour reprendre l'expression consacrée.
En réalité, nulle contradiction. On peut aimer regarder la petite ombre qui court dans l'herbe et se perd au couchant et écouter le vent dans les saules, affectionner les forêts sauvages, mais aussi les territoires profondément et respectueusement habités, tout en gardant un esprit critique sur le discours tenu par les médias et parfois certains scientifiques sur les choses de la Nature et les interactions que nous avons avec elle. Pas besoin d'être une caricature de capitaliste prêt à toutes les destructions pourvu que cela rapporte, ou bien encore de se voiler la face en raison de l'immensité du péril climatique qui commencerait à se faire sentir, pour ne pas faire siennes les conclusions les plus médiatisées, et les plus répandues, sur l'évolution récente du climat. L'examen attentif et honnête des éléments du dossier peut suffire. Mais il est vrai qu'il faut alors refuser le temps de la communication médiatique, celui de l'immédiateté, du manque de réflexion et souvent de documentation. L'écrit permet d'éviter cet écueil, particulièrement s'il ne suit pas à tout prix les nouvelles du jour. Ce que La Trogne entend précisément faire : des articles sur l'évolution du climat, mais aussi sur d'autres sujets, sans forcément réagir à l'actualité, au gré des envies et de la disponibilité.
Quant au nom choisi pour le blog, La Trogne, disons simplement que j'aime ce mot, et ce qu'il désigne. Outre la figure ronde et rougeaude qu'elle évoque, c'est en peinture un portrait proche de la caricature. Surtout, c'est un terme générique désignant des arbres de la ruralité, taillés périodiquement au même niveau de coupe. Selon les pratiques et les lieux, ils ont différentes appellations. « Trogne » est à l'origine un terme du Perche. Dans le Marais poitevin, comme pour les frênes de la photographie de bannière, on les appelle « têtards ». Ils sont l'évocation d'une étroite relation à la terre. Et la rugosité du mot laisse entendre la probabilité de quelques frictions avec les discours consensuels, quels qu'ils soient.